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Hollande à Alger en décembre

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Viendra, ne viendra-t-il pas ?

francois hollande

 

A force d'entendre qu'il n'y a pas de divergences dans leurs approches, nous sommes tentés de penser que ces annonces diplomatiques pourraient cacher un profond malaise.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est revenu ce dimanche sur Europe 1, sur la prochaine visite du président François Hollande en Algérie, prévue les 5 et 6 décembre. La France, a-t-il dit, souhaite conclure un "partenariat stratégique" avec l'Algérie à l'occasion de cette visite, mais pas un "traité d'amitié". Et, "c'est aussi notre approche", a-t-il ajouté, en précisant que les deux parties vont parler "de ce qu'on va faire ensemble en matière économique, éducative, énergétique et pourquoi pas, en matière militaire". Mais, le choix des mots est-il innocent, lorsque M. Fabius déclare que les Algériens "ne souhaitent absolument pas qu'on fasse un voyage tourné vers le passé", en sachant pertinemment que c'est l'Etat français qui reste intransigeant concernant son passé colo-nial ? D'ailleurs, le ministre a expliqué que le voyage du président Hollande ne donnerait pas lieu à une repentance de la France sur son passé colonial. Un autre responsable français, en l'occurrence le ministre délégué aux Anciens combattants, Kader Arif, a appuyé ses dires. Dans un entretien au Journal du Dimanche, ce dernier a en effet, affirmé qu'il "n'est pas question de faire repentance", sans toutefois fermer les portes à une reconnaissance des choses" de part et d'au-tres". En plus clair, l'Etat français - à ce niveau-là, ce serait une erreur de trop s'attarder sur l'arrivée des socialistes au pouvoir, les dissimilitudes entre la droite et la gauche ou encore sur l'émergence de Français d'origine algérienne à des postes-clés, quand il est question des intérêts de la France, tient à baliser les contours de la prochaine visite, avant même que M. Hollande n'ait foulé le sol algérien.

Sur le registre, cette fois, de la crise au Nord du Mali, M. Fabius a laissé entendre qu'il y a beaucoup de convergences avec la partie algérienne. Sans céder sur l'essentiel : une intervention militaire au Mali. "Nous sommes d'accord sur deux principes. D'une part, il faut faire respecter l'intégrité du territoire. Deuxièmement, les Algériens nous ont dit de manière claire qu'ils n'acceptaient pas le terrorisme, qui les menace eux aussi", a-t-il révélé. Puis d'expliquer qu'au Nord du Mali, tous les Touareg "ne sont pas des terroristes, absolument pas" et qu'il fallait donc discuter avec les Touareg" qui acceptent de respecter l'intégrité du Mali et qui refusent le terrorisme".

A la mi-octobre, Manuel Valls, ministre français de l'Intérieur, en visite à Alger, n'avait pas, lui aussi, cédé sur le dossier malien. A l'issue de sa visite, il avait fait savoir qu'il avait "constaté une très grande convergence de vues sur la situation au Sahel", en avertissant cependant que "ces dossiers-là doivent être abordés avec beaucoup de lucidité, en tenant compte des printemps arabes, ainsi que sur la volonté d'affirmer une relation très forte" entre les deux pays. Les commentaires journalistiques faisaient état, à ce moment-là, de divergences entre les deux parties, sur le groupe touareg d'Ansar Eddine que les Algériens voulaient intégrer dans le processus de discussions, alors que les Français le considéraient comme un mouvement terroriste, au même titre qu'Aqmi et le Mujao.

Le piège parisien

Les relations entre Alger et Paris, déjà en dents de scies sur le contentieux historique, risquent de s'aggraver davantage avec la crise malienne qui vient de connaître un tournant décisif et dans laquelle la France s'entête à ce que l'intervention militaire au nord du Mali ait bel et bien lieu, pour apporter "logistiquement ce qu'il convient d'apporter", mais en évitant d'y envoyer ses troupes au sol. Et, alors que l'Algérie essaie de convaincre les pays africains, notamment les pays amis, de ne pas ouvrir la voie à une ingérence étrangère, la France est en train de se placer en leader dans la région, pour ne pas dire en gendarme de l'Afrique.

Le désordre apparu au Mali, dont le Nord est sous la coupe de rebelles, de groupes extrémistes armés et de trafiquants, a donné l'occasion aux dirigeants actuels de Bamako de contracter un accord en ce sens avec les pays ouest-africains de la Cedeao et d'encourager l'examen de cette affaire par les Nations unies. A la grande satisfaction des puissances occidentales, surtout de la France. Le 12 octobre dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU, sur proposition notamment de Paris, a adopté une résolution donnant 45 jours aux pays de l'Afrique de l'Ouest et à l'Union africaine pour préciser leurs plans (liste des troupes, évaluation des coûts…) en vue d'une intervention militaire dans le Nord du Mali. Le texte invite en parallèle le gouvernement malien et les rebelles touareg à reprendre langue, dans le cadre d'un "processus de négociations crédibles", afin de trouver "une solution politique viable respectant la souveraineté, l'unité et l'intégrité territoriale du Mali". Initialement, le texte tablait sur un délai de 30 jours mais l'ONU a pris en compte le point de vue de l'Algérie, qui prône le dialogue pour la résolution de la crise malienne, en y ajoutant deux semaines. Qu'en pensent vraiment nos diplomates de cette "petite victoire diplomatique" ?

Certains analystes, se référant à la prochaine élection présidentielle américaine, estiment, à propos de l'intervention au Mali, que celle-ci va être reportée. Selon eux, l'élection commencera le 6 novembre 2012 et ne prendra fin que le 20 janvier 2013, date d'entrée en fonction du président élu. Autrement dit, l'ONU devrait attendre plus de trois mois avant de donner son feu vert. A l'opposé, d'autres analystes pensent que la guerre se fera après les 45 jours. D'après eux, il faut s'attendre à une nouvelle résolution du Conseil de sécurité qui s'appuiera sur "les développements (…) que connaîtra la région du Sahel". Mais, pour les uns, "l'Algérie risque de se retrouver dans une situation proche de celle de la décennie noire, affrontant les djihadistes, surtout à ses frontières". Pour les autres, les membres du Conseil de sécurité, principalement la France, sont parvenus à éloigner le Cemoc, structure militaire d'état-major regroupant des forces armées de plusieurs pays du Sahel et avec lui l'Algérie, promotrice de cette initiative régionale destinée à combattre les groupes terroristes et à repousser "tout projet de recolonisation du Sahel".

Aujourd'hui, en entendant de hauts responsables français et algériens déclarer qu'il n'y a pas de divergences dans leurs approches, nous sommes en droit de nous demander si ces annonces diplomatiques ne cachent pas un profond malaise. Il faut croire que la prochaine visite de François Hollande en Algérie, si elle ne sera pas de nouveau reportée, sera riche en enseignements ou en révélations.         

Source Les Débats Z'hor Chérief

Le Pèlerin


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