Quand le Sud nous fait «perdre le nord»…1/2
Nouveauté - Après deux Eductours organisés respectivement à l’Ouest et à l’Est du pays, l’office national du tourisme (ONT) a " récidivé " en optant, cette fois-ci, pour un autre circuit.
A travers cet Eductour (Tikdjda, Tipaza, Béchar) on a pu découvrir la magie d’un circuit contrasté : du froid des monts du Djurdjura encore couverts de neige, à l’air marin de Tipaza, pour enfin atterrir sur les majestueuses dunes de Taghit. Une vraie aventure où la neige rime avec la mer et le sable fin qui nous a permis de vivre les quatre saisons en l’espace de quelques jours. Quoi de mieux pour découvrir la beauté, la richesse et la diversité de notre pays.
Parcourir autant de kilomètres du nord au sud du pays, nous a permis d’admirer des paysages et des sites les uns plus beaux que les autres. C’est d’ailleurs ce qui fait de notre Algérie un pays de contrastes, aux multiples facettes. Chaque escale est une découverte.
Chaque région que nous avons visitée représente à elle seule une destination incontournable avec un riche patrimoine et des lieux pittoresques. Nous entamons notre périple à partir des sommets enneigés du Djurdjura, au niveau de la station d’hiver de Tikdjda, perchée à 1475 m d’altitude. D’une beauté saisissante, le sommet de Lalla Khedidja, le point culminant du Djurdjura et de l’Atlas tellien, avec ses 2308 m d’altitude, captive le regard de ses visiteurs qui sont toujours curieux de le découvrir à travers les randonnées pédestres, le ski…Après une journée passée sur les hauteurs de Tikdjda, on prend la direction du littoral pour découvrir Tipaza, une très ancienne ville, qui avait servi de comptoir commercial aux navigateurs phéniciens (d’où son nom). Cette ville, bâtie au bord de la mer est pourvue d’une côte de 115 km, elle est adossée au mont Chenoua. Cette région recèle des vestiges remontant au XIe siècle avant J-C. Les temples, la ville des fresques, les thermes, la basilique judiciaire, les nécropoles tombeaux, l’amphithéâtre, le tombeau de la chrétienne (le mausolée de Maurétanie), etc. sont autant de vestiges qui témoignent que Tipaza était une province romaine déjà au IIe siècle.
Après les monts du Djurdjura et les côtes de Tipaza, c’est le Sahara avec toute son immensité et sa magie qui nous attendait les bras ouverts. Ainsi, nous atterrissons à Béchar, la capitale de la Saoura. Béchar, c’est Taghit l’enchanteresse, une curiosité de la nature : des ksour, une palmeraie, un désert de sable formant de majestueuses dunes, de la rocaille et des pierres (nommées Hamada).
Béchar c’est également Beni Abbas, l’oasis blanche et perle de la Saoura, avec ses magnifiques ksour. Mais aussi Kenadsa, une ville ancienne réputée pour sa célèbre zaouia de Sidi M’hamed Ben Bouziane. La capitale de la Saoura, c’est aussi des gravures rupestres et le sanctuaire de la fraternité (Hermitage du père Foucauld). C’est tout cela qui fait qu’au Sud, on perd vraiment le nord…
Sur les hauteurs de Tikdjda…
Splendeur - Les monts du Djurdjura arborent toujours leur burnous blanc en cette journée ensoleillée.
Arrivés au niveau de la localité de Haizer, nous commençons déjà à ressentir le froid qui sévit encore après la vague de neige qui s’était abattue sur la région. Tout le monde se met donc à enfiler sa veste, son bonnet et ses gants avant de prendre place dans deux petits bus.
Nous prenons la route vers Tikdjda, sur une route difficile à cause des «montagnes» de neige sur les deux côtés. Alors que tout le monde admirait le paysage, de plus en plus beau, au fur et à mesure que nous nous dirigeons vers les hauteurs, notre guide en profite pour nous donner un petit aperçu sur la signification du mot Djurdjura. «Djurdjura signifie Adjerdjar, c’est à dire une masse de pierres. Les Romains appelaient cette montagne, monts feratus, à cause de la nature du sol et du caractère des gens qui vivaient dans cette région.
Le plus haut sommet du massif de Djurdjura est celui de Lalla Khedidja qui culmine à plus de 2308 m au-dessus de la mer. Pour Tikdjda, l’appellation vient de Takadjdith, qui signifie le tronc du cèdre qui pousse dans cette région, que les gens utilisaient comme pilier central de leur maison, et il est également le symbole de la maison kabyle» nous explique-t-il, tout en contemplant, lui aussi, ces magnifiques montagnes encore vêtues de blanc. Après une demi-heure de route, nous arrivons enfin à destination. Nous sommes à plus de 1400 mètres d’altitude, au milieu d’un «océan de neige» et d’un décor féérique. Un véritable chef- d’œuvre de Dame nature. C’est ce qui fait du site de Tikdjda, un havre de paix et d’évasion, notamment pour les amoureux de la nature.
Ce site est un endroit privilégié des amoureux du tourisme de montagne avec des activités aussi riches que variées : le ski en hiver, les escalades et les randonnées en été… C’est également un lieu privilégié des sportifs qui viennent ici en masse, notamment pour des stages de préparation des grandes compétitions. En 2011, le parc a reçu pas moins de 30 000 visiteurs, soit une augmentation de 15% par an depuis 2009, selon des chiffres communiqués par Chebouti Lounes, cadre au niveau du Centre national des sports et des loisirs de Tikjda (CNSLT.)
Le CNLST, l’une des principales infrastructures d’accueil, sise au milieu d’une magnifique forêt de cèdre, est encore sous la neige. La station de ski du site est inaccessible, ce qui n’a pas empêché les amateurs de cette activité d’improviser de se lancer sur de petites pistes, non sans danger. A l’est de Tikjda, le visiteur sera charmé par le site de Tala Rana, dans la commune de Saharidj, ou il découvrira un replat boisé ainsi qu’une magnifique source d’eau. Le site, surplombé par le majestueux sommet de Lalla Khadidja qui culmine à plus de 2300 mètres, est favorable aux campings, caravaning mais aussi les randonnées. Tikdjda et Tala Rana constituent les zones touristiques les plus importantes dans la wilaya de Bouira. «Actuellement, on n’a pas de zones d’expansion touristique classée, mais on a une étude qui englobe quatre zones d’étude touristique dont Tkidjda 34ha et Tala Rana 10h», note Mahboul abdelkader, chef de service investissements au niveau de la direction du tourisme et de l’artisanat de la wilaya de Bouira.
Tipaza, Cherchell et le tombeau de la chrétienne…
Place - Le parc archéologique de Tipaza est classé parmi les plus beaux sites au niveau national de par sa richesse en vestiges romains.
Ainsi notre visite à Tipaza commence par Cherchell où nous avons découvert, avec notre guide Nounou, le tombeau de la chrétienne. Ce vestige a deux appellations : une fausse et une autre officielle. Officiellement, on l’appelle le mausolée royal de Mauritanie, mais il est beaucoup plus connu sous le nom de tombeau de la chrétienne. «Cette appellation s’explique par une décoration sous forme de croix qu’on trouve sur ce tombeau», nous explique notre guide. «Le tombeau de la chrétienne est une fausse appellation, car, selon la majorité des historiens et archéologues, cette bâtisse a été construite au premier siècle avant J. C, c'est-à-dire lorsque Juba II était roi dans cette région», précise encore notre guide.
Ce monument, situé sur une zone sismique, a quatre fausses portes qui se trouvent dans chaque point cardinal, c'est-à-dire nord, sud, est et ouest. Les seules fouilles qui ont été faites, ont été réalisées par système de perforation par l’équipe de Napoléon III.
Pour accéder à l’intérieur de cette bâtisse, il y’avait un seul accès (à travers une petite porte) qui a été bloqué durant les années 90. Ceux qui ont pu y accéder disent qu’il y avait un vestibule, et au fond de ce vestibule, il y’avait deux chambres funéraires, l’une d’elles était précédée par deux statues.
Cette bâtisse est entourée de 60 colonnes ioniques. Ce qui fait la beauté de ce site, c’est qu’il domine, d’une part, la partie nord du pays à savoir la mer, et d’une autre part, on a une vue extraordinaire sur la Mitidja. Ainsi, on quitte le tombeau de la chrétienne pour se diriger au parc archéologique de Tipaza.
Ce dernier est composé de deux parties : la partie est et la partie ouest qui est la plus visitée, la ou on trouve une grande partie des vestiges romains. Tipaza est l’une des rares villes qui ait gardé le nom qui lui a été donné pendant l’Antiquité par les Phéniciens.
Ce nom signifie «escale» en phénicien. Au parc archéologique de Tipaza, on a eu à visiter les temples que les romains dédiaient à la triade capitoline, c'est-à-dire les trois Dieux majeurs (Jupiter, Junon et Minerve). Pour y arriver, on est passés par le decumanus et le cardo.
Ce sont deux grands axes, l’un reliait le nord au sud (le Cardo) et l’autre l’ouest à l’est (le decumanos). Au point de rencontre de ces deux axes, les romains mettaient ce qu’on appelle le forum, comme celui qui existe actuellement à Tipaza. Le forum est le cœur de toute ville romaine.
On a également visité d’autres vestiges, comme le théâtre, la villa des fresques mais aussi la nécropole de l’ouest, là où est érigée une stèle dédiée à Albert Camus. «Je comprends ici ce qu’on appelle gloire, le droit d’aimer sans mesure», est-il écrit sur cette stèle. C’est là qu’il y avait écrit deux de ses livres, à savoir Noces et Retour à Tipaza.
On a également visité la basilique judiciaire la ou une fameuse mosaïque a été retrouvée. Elle représente un chef berbère qui a été capturé par les romains et il était emprisonné avec sa femme et son fils. Il y’a d’autres vestiges que existent au niveau de ce site que, malheureusement, on n’a pas eu le temps de visiter. Aujourd’hui, Tipaza est classée parmi les plus beaux sites archéologiques.
A suivre
Source Infosoir Brahim Mahdid
Le Pèlerin