L’Etat débourse la moitié
Le gouvernement financera à 51% le montant de l'investissement estimé à 1 milliard de dollars pour l'augmentation, par ArcelorMittal, de la capacité de production d'acier du complexe sidérurgique d'El Hadjar à 2,2 millions de tonnes par an.
Après plus de deux mois de tractations, le groupe de travail composé des pouvoirs publics et des représentants du groupe indien qui, rappelons-le a été formé pour résoudre la crise dans laquelle se débat ce qui fut le fleuron de l’industrie nationale, est enfin parvenu à un pré-accord pour une augmentation de la production d’acier. «Un plan de production de 2,2 millions de tonnes par an a été proposé et accepté par les deux parties. Sa réalisation coûtera environ un milliard de dollars», a précisé une source proche de l’administration d’ArcelorMittal Algérie, rapportée hier par l’APS. Ce qui est à première vue un grand pas pour la relance de la sidérurgie impliquant forcément une réduction des importations, lorsque l’on sait que l’Algérie a importé une quantité avoisinant les trois millions de ronds à béton en 2012 pour une facture de deux milliards de dollars. Ce qui viendra s’inscrire dans l’objectif tracé sur le plan de redressement de la production nationale en la matière en fédérant tous ses projets sidérurgiques autour de cet objectif stratégique qui se réalisera, notamment, dès l’entrée en production de deux autres usines, dont celle de Bellara, construite avec «Qatar international», une joint-venture formée par les groupes Qatar Steel et Qatar Mining, d’une capacité de production de 5 millions de tonnes/an. Toutefois, les propos rapportés n’expliquent pas clairement si cet énorme investissement est partagé entre l’Etat algérien qui détient 30% des parts du complexe sidérurgie et Arcelormittal, ou alors, comme la logique le voudrait cet investissement reviendrait exclusivement au numéro un mondial de la sidérurgie. Et là encore l’on s’interroge : comment, avec les problèmes financiers que connaît le géant mondial de la sidérurgie, l’ayant pousser à fermer plusieurs sites, notamment en Europe, Arcelormittal a consenti à débloquer une telle somme ? En réponse à cette question, l’on apprendra par Smain Kouadria, député a l’Assemblée populaire nationale, membre permanent de la commission des affaires économiques, du développement, de l’industrie, du commerce et de la planification, que «l’Etat financera à hauteur de 51%» le 1 milliard dollars en question. Voilà qui est clair.
Pomme de discorde : le plan d’investissement toujours en suspens
Quoi qu’il en soit, une augmentation de production est toujours la bienvenue, reste un volet tout aussi important pour lequel les discussions n’ont pas abouti. «Le plan relatif à l’investissement est en cours de discussions», dira la même source.
Il s’agit bien évidemment du plan d’investissement réclamé depuis des années par les travailleurs et le syndicat du complexe d’El Hadjar. Sur ce sujet, il faut croire que la direction continue de faire la sourde oreille et ne semble pas disposer à répondre favorablement. Pourtant, aujourd’hui plus que jamais, le complexe industriel pratiquement dans son ensemble a besoin de faire peau neuve. Il s’agit donc pour la direction d’un lourd investissement à engager pour moderniser le complexe et augmenter sa production. Sauf qu’il n’est pas sûr que le géant mondial de l’acier soit en mesure de le faire à cause justement, et une fois encore, de sa situation financière. Le géant indien, rappelons-le, qui a dévoilé une perte colossale de 3,73 milliards de dollars en 2012 et une dette avoisinant les 22 milliards de dollars en raison de la crise économique européenne, veuille ou puisse débourser un tel investissement. Cependant, l’on se demande comment la direction d’ArcellorMittal tiendra son engagement d’augmenter la production si la modernisation du complexe ne se fait pas.
A ce sujet, M. Kouadria indiquera que si les négociations sur le plan de l’investissement n’ont pas abouti, «c’est parce que le programme proposé par le gouvernement n’arrange pas la direction d’ArcelorMittal». «Tout le litige réside justement dans ce volet car ArcellorMittal veut maintenir les anciennes installations», ajoutera-t-il. D’autre part, venant rectifier les chiffres annoncés, M. Kouadria confirmera la conclusion dudit pré-accord «entre le ministère de l’Industrie représenté par SIDER et ArcelorMittal sur le développement industriel», mais affirmera que le seuil de l’augmentation de la production a été entendu à «2,5 millions de tonnes d’acier (donc non pas 2,2 M/T) et un financement de 1 milliard de dollars. Le prochain pré-contrat sera la confirmation de la règle 51/49».
Pour rappel, le gouvernement et la direction d’ArcelorMittal ont ouvert, le 10 février dernier, des négociations pour augmenter les capacités de production du complexe d’El Hadjar détenu à 70% par ArcelorMittal et à 30% par l’Etat algérien à travers l’entreprise publique SIDER. Secoué par des mouvements de constations à répétition depuis des années, le complexe d’El Hadjar qui fait travailler pas moins de 6 000 personnes, a été confronté en janvier 2012 à une fermeture, laissant circuler la redistribution des parts du capital du complexe et l’éventualité de la reprise de l’Etat algérien du contrôle d’El Hadjar. Une rumeur d’autant plus plausible, au regard des difficultés financières auxquelles est confrontée la filiale algérienne d’ArcelorMittal, sauvée in extremis en 2012 d’une cessation de paiement grâce à un accord sur une ligne de crédit de 14 milliards de DA fourni par la Banque extérieure d’Algérie.
Source Le Jour d’Algérie Lynda Naili Bourerab
Source L’Expression