L'option d'une autopsie se confirme
Le premier ministre Ahmed Ouyahia n'a pas répondu négativement à la demande des juges français pour se rendre en Algérie et procéder à des autopsies sur les crânes des sept moines de Tibhirine assassinés en 1996. Interrogé, avant-hier, Ouyahia, a affirmé que l'Algérie n'avait " rien à cacher " sur cette affaire. Une réponse à travers laquelle l'on peut comprendre aussi, que le Premier ministre n'écarte pas un feu vert des autorités algériennes à la demande du juge français. Plutôt diplomatique, Ahmed Ouyahia a souligné que " l'Algérie a des conventions de coopération judiciaire avec la France, et elle a toujours coopéré sur ce dossier avec la France ". La demande du juge Marc Trévidic d'exhumer et d'autopsier les crânes des sept moines, dont les corps n'ont jamais été retrouvés, intervient à un moment sensible. L'Algérie en phase de préparer les élections législatives, attire tous les regards au lendemain des révolutions arabes. En adressant aux autorités judiciaires algériennes une commission rogatoire internationale, la France aurait voulu mettre de la pression afin de pouvoir relancer ce dossier. On croit savoir qu'il sera procédé à l'audition d'une vingtaine de témoins. Pour autant du côté des autorités algériennes, la coopération sur ce dossier s'est faite, en particulier entre les ministères algérien et français de la Justice. Il est à préciser qu'après la thèse islamiste, selon laquelle les islamistes seraient derrière l'assassinat des sept moines enlevés dans leur monastère isolé et situé en dehors de Médéa, l'enquête s'est réorientée vers une bavure de l'armée. Pourtant, le Groupe islamiste armé (GIA), dirigé par Djamel Zitouni avait, à l'époque, revendiqué l'enlèvement et l'assassinat des moines. Certes rien n'a été encore décidé, mais tout donne à croire que les autorités françaises veulent profiter de cette période pour revenir à la charge, notamment sur ce dossier qui tarde à connaître son épilogue. L'Algérie va-t-elle s'opposer à cette demande, en mettant en avant la question de souveraineté nationale ? Faute de quoi, risque-t-on de voir des officiels auditionnés ?
Source Les Débats Aomar Fekrache
Les Débats