Il sera de retour à Alger en fin de semaine
Il faut croire que l’affaire Khalifa connaîtra bientôt son épilogue, et pour cause,
Abdelmoumen Khalifa qui n’a pas introduit un recours auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme pour empêcher la décision britannique de son extradition en Algérie sera bientôt de retour
au pays. En effet, des sources très proches du dossier ont indiqué au Jour d’Algérie que «Abdelmoumen Khalifa sera à Alger en fin de semaine». Pour cela, poursuit la
source «une équipe mixte composée de magistrats et d’officiers de la DGSN fera le déplacement en début de
semaine au Royaume-Uni afin de le ramener au pays». Le retour de Abdelmoumen Khalifa constitue le couronnement d’une véritable lutte judiciaire menée des années durant par la justice algérienne
auprès de sa compère britannique. C’est également un heureux dénouement pour la justice algérienne qui a longtemps était la cible des critiques de l’opinion publique algérienne. Tayeb Louh,
ministre de la Justice, garde des Sceaux, a affirmé il y a quatre jours que Abdelmoumène Khalifa «devrait être remis par les autorités britanniques à l’Algérie avant le 31 décembre 2013». Dans
une déclaration à la presse en marge d’une séance plénière de l’Assemblée populaire nationale (APN), M. Louh a souligné que «conformément aux procédures judiciaires du Royaume-Uni, l’extradition
de Abdelmoumène Khalifa devrait intervenir avant le 31 décembre 2013, sauf appel auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme». «Les délais prévus par la loi britannique ainsi que les
recours ont tous été épuisés», a précisé le ministre. De son côté, le Home office, dans un communiqué cité par l’AFP, a souligné que «M. Khalifa s’est vu refuser d’interjeter appel devant la Cour
suprême le 3 décembre. Il va être extradé dans les 28 jours qui font suite à cette date».
Retour sur une planque en or
uste après l’effondrement de son empire économique qui aura causé un préjudice de plus 1,5
milliard de dollars à l’Etat algérien et aux citoyens qu’il avait escroqués, il s’est planqué au Royaume-Uni, et ce, depuis une dizaine d’années. Parfaitement au courant de la complexité du
système judiciaire britannique, Abdelmoumen Khalifa joue la carte politique. Aux yeux de l’opinion publique internationale, et particulièrement auprès de la justice britannique qu’il persuade
qu’il était victime d’une liquidation politique «travestie en affaire économique». «Les autorités britanniques savent que mon affaire relève d’un problème politique travesti en problème
économique. Il suffit de lire les articles de presse algériens télécommandés par le pouvoir pour s’en convaincre. La chute organisée de mon groupe, contrairement à ce qui a été écrit, n’a jamais
reposé sur une défaillance financière», a-t-il affirmé dans une interview accordée au magazine VSD en mai 2006. Se voulant plus crédible dans son statut de «victime», et pour s’assurer de la
«sympathie», il ira même jusqu’à menacer, au travers de différents interviews et émissions accordées à travers le monde, de citer des noms de hautes personnalités, ce qui selon lui nuirait
directement au Président Bouteflika. De son nom complet Abdelmoumène Rafik Khalifa, il a bâti à la fin des années 1990, comme sur un coup de baguette magique, un empire économique qui n’aura pas
fait long feu puisque ce dernier commencera à s’effondrer en novembre 2002 avec le blocage des transferts de la Khalifa Bank. En peu d’années, le golden boy, qui apparaissait comme le symbole de
la réussite individuelle en Algérie, a réussi à édifier une banque, une compagnie aérienne, une télévision privée basée à Paris, des investissements tous azimuts et des fêtes ouvertes à la
jet-set. Dix-sept enquêtes judiciaires ont été de facto ouvertes sur les affaires liées aux différentes filiales de son groupe. Quatre années plus tard, en 2007, Rafik Khalifa avait été condamné
par contumace par le tribunal de Blida à la réclusion à perpétuité pour «association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux» dans l’affaire de la faillite de
sa banque. Sous la double pression algérienne et française et après délivrance d’un mandat d’arrêt européen à son encontre, Rafik Khalifa est arrêté le 27 mars 2007 par les services de sécurité
britanniques et sera gardé en détention provisoire. En 2008, la justice britannique examine la demande d’extradition algérienne qu’elle finit par autoriser le 25 juin 2009, toutefois son avocat a
indiqué qu’il ferait appel. L’ex-milliardaire est aussi sous le coup d’un mandat d’arrêt européen délivré par la justice française pour «abus de confiance, banqueroute par détournement d’actifs,
banqueroute par dissimulation de comptabilité et blanchiment en bande organisée».
Source Le Jour d’Algérie Lynda Naili Bourebrab
Le Pèlerin