«Entente pour ne jamais s’entendre …»
Ensemble, le ministre de l’Education et les différentes organisations syndicales du secteur ne peuvent former que deux parties d’un vieux «conflit» qui rajeunit inlassablement, au grand dam de l’école algérienne.
S’il y a une «compétence» dont le secteur de l’Education doit se «féliciter», c’est l’activité syndicale de ses différents corps qui devrait avoir sa grande part du trophée, si ce n’est pas la totalité à défaut vraisemblablement d’autres «compétences». L’on se rend compte, en effet, qu’on n’aborde le secteur de l’Education que pour évoquer et réévoquer les conditions socioprofessionnelles des enseignants ainsi que les autres professionnels et corps communs de l’Education. Cette année encore, le secteur ne change pas d’habitude, on parle rarement des vraies questions au sujet de l’école algérienne. Non que les revendications des travailleurs du secteur ne soient pas fondées, mais la contestation socioprofessionnelle des travailleurs accapare l’actualité du secteur. Au moment où les professionnels appellent à un
«changement radical» du système éducatif et à son verrouillage pédagogique pour le développement d’un enseignement de qualité, les syndicalistes du secteur mènent leur «bataille» qui n’est à l’origine qu’une autre preuve du retard qu’accuse ce secteur. Pour cette semaine, ce ne sont pas moins de trois organisations syndicales qui affichent la couleur. Il s’agit du Conseil national des lycées d’Alger qui répond à la récente intervention du ministre de l’Education au sujet des corps communs ainsi que d’autres questions, le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (Snte) qui reconduit une semaine de grève à partir d’aujourd’hui ainsi que l’Union nationale des travailleurs de l’éducation et de la formation (Unpef) qui appelle au départ du secrétaire général de la Direction de l’éducation de la wilaya de Blida. Jeudi dernier, le ministre de l’Education Boubekeur Benbouzid est intervenu en marge d’une séance plénière consacrée aux questions orales à l’Assemblée populaire nationale (APN). A cette occasion, Benbouzid s’est adressé au Syndicat national des travailleurs de l’Education (SNTE) en rejetant fermement leurs revendications et en remettant en cause les chiffres concernant le taux de participation à la grève déclaré par le Snte. A propos de la revendication de l’intégration des professionnels et les corps communs dans le secteur de l’éducation, Benbouzid a répondu que «l’intégration des professionnels et corps communs est impossible car il s’agit d’une corporation qui relève réglementairement de la Fonction publique». Face à ce niet, le Snte a décidé de reconduire une semaine de grève pour insister sur toute une liste de revendications qu’il juge «légitimes» tout en dénonçant la marginalisation des corps communs par rapport à d’autres travailleurs du secteur. Pour sa part, le Cla a répondu, dans un communiqué, au discours du ministre de l’Education. Le Cla estime que
«le ministre n’a pas failli à sa logique de fuite en avant pour expliquer la crise que vit son secteur et pour laquelle le CLA a tiré la sonnette d’alarme depuis longtemps». Et d’ajouter que «le CLA est le seul syndicat de l’Éducation qui n’est pas agréé». Ce syndicat indique que «le dossier d’agrément du CLA est bloqué par le ministre du Travail pour des raisons inconnues ainsi que le SNCCOPE et d’autres syndicats clonés par l’administration comme : Satef et Snapap». A propos des corps communs, le Cla ajoutera que «le fait qu’ils ne peuvent pas être intégrés au secteur de l’Éducation sous prétexte qu’ils appartiennent à un corps spécifique de la Fonction publique, est un faux argument puisque plusieurs secteurs ont intégré leurs corps communs tels que les collectivités locales et la santé. Dans une troisième réponse, le Cla estime que «si le ministre de l’Education veut faire croire que les syndicats ont recours à la protestation pour élargir leurs bases militantes, c’est qu’il ignore complètement la réalité que vit le secteur qu’il dirige». Ce secteur a malheureusement plusieurs réalités amères qui ne se localisent pas entre ces interminables désaccords entre les syndicats et leur tutelle, mais surtout et avant tout dans le système éducatif lui-même.
Source Le Soir d’Algérie - Yasmine Ayadi
Le Pèlerin