Le “front social du Sud” continue de s’embraser
Aux manifestations des chômeurs à Ghardaïa, Ouargla ou El-Oued, passées ou programmées pour les jours à venir, s’ajoute depuis
hier une grève cyclique de la Fonction publique qui tend à… progresser vers le Nord puisque la protestation touche, cette fois-ci, les Aurès et les Hauts-Plateaux. Cela signifie, concrètement et
simplement, que des dizaines de milliers de fonctionnaires demandent une revalorisation de leurs revenus. En d’autres termes, l’État, sur la brèche et toujours prompt à casser la tirelire depuis
début 2011, n’a pas fini d’acheter la paix sociale. Loin s’en faut. Après avoir “distribué” l’équivalent de dizaines de milliards de dollars en un temps record, en augmentations de salaires
octroyées avec effet rétroactif, en pensions généreusement rehaussées ou en crédits bancaires sans garantie réelle, l’on s’aperçoit que la potion est inopérante et qu’elle est juste bonne à…
fouetter l’inflation. De fait, celle-ci connaît une hausse d’autant plus inquiétante qu’elle continue encore de galoper, exposant, du coup, de nouvelles franges de la population à la
pauvreté et aux privations. Soucieuse d’éloigner le spectre du Printemps arabe, un pays beaucoup plus riche, l’Arabie saoudite, avec une population d’à peine 20 millions d’habitants, a claqué
durant la même période environ 100 milliards de dollars pour apaiser le front social. Aux dernières nouvelles, elle n’y est pas parvenue. Avec des ressources moindres et une population environ
deux fois plus importante, l’Algérie ne pourra certainement pas venir à bout de la révolte populaire en recourant encore à la caisse.
Il faut pourtant satisfaire les revendications légitimes des chômeurs et des fonctionnaires. Un vrai dilemme pour le régime. À une année de la présidentielle, la tentation sera forte de dépenser
inconsidérément. Suicidaire ? Certes. Mais, pour l’immédiat, c’est beaucoup plus pratique qu’une vraie lutte contre la corruption et la mise en branle de mesures concrètes et non populistes en
faveur de la justice sociale. Une lutte déterminée contre la corruption et une justice sociale consacrée dans les faits, ce sont pourtant les deux seules monnaies qui puissent acheter la paix
sociale.
Source Liberté Saïd Chekri
Le Pèlerin