«Nous ne sommes plus dans une logique de quotas»
Malgré la hausse de la production de lait cru durant l’année 2011, la facture de
l’importation de la poudre de lait continue d’augmenter. Le ministre de l’Agriculture, Rachid Benaïssa, pense qu’il est nécessaire d’approvisionner suffisamment le marché en cette matière
première pour permettre à la filière lait d’évoluer dans un climat serein.
Une année après la promulgation du nouveau cahier des charges définissant le mode d’approvisionnement de la poudre de lait par l’Onil qui, entre autres, oblige les opérateurs privés d’intégrer le
lait cru dans la production du lait en sachet, le ministre de l’Agriculture reste prudent et ne veut pas prendre de risque. En effet, malgré la hausse de la production et de la collecte de lait
cru durant l’année 2011, affirme Rachid Benaïssa, qui réunissait hier à Alger, le Comité interprofessionnel de lait (CIL), la facture de l’importation de la poudre de lait continue d’augmenter.
Pour lui, il n’est pas question de prendre des risques tant que la filière ne s’est pas encore assez structurée. «Nous avons actuellement environ 34 laiteries qui utilisent uniquement le lait
cru, et nous arriverons graduellement à la réduction de l’importation de la poudre de lait. Mais ce n’est pas encore le moment, d’abord parce qu’il s’agit d’un produit stratégique et ensuite la
filière a besoin d’évoluer dans un climat serein. Procéder à la réduction de l’importation de la poudre de lait une année après la réorganisation de la filière serait mettre ses différents
acteurs sous pression», a-t-il expliqué. Rachid Benaïssa fera également savoir que, jusqu’à la fin 2011, sur 140 laiteries publiques et privées, pas moins de 114 se sont conventionnées avec
l’Onil. Par ailleurs, interrogé sur le cas de certaines laiteries qui dénoncent une répartition non équitable de la poudre de lait par l’Onil, le ministre a dit que la filière n’est plus dans une
logique de quotas et que les opérateurs privés conventionnés à l’Onil doivent comprendre que le but est d’arriver à une autosuffisance en matière de production nationale de lait cru. «Dès le
départ, nous avons été clairs. Celui qui procède le plus à la collecte de lait cru aura un plus grand tonnage de poudre subventionnée. La répartition de cette matière première obéit à des
critères bien définis. Celui qui veut se conformer est le bienvenu, sinon ceux qui ont monté des laiteries pour bénéficier de la poudre subventionnée n’ont qu’à aller la chercher ailleurs.» Pour
rappel, la Fédération agroalimentaire avait réuni le lundi 26 décembre 2011 les producteurs de lait du secteur privé pour discuter des problèmes de la filière. Beaucoup d’opérateurs privés
avaient dénoncé le rapport entre l’Onil et ses clients-partenaires. Certains producteurs continuent de dénoncer la distribution non équitable de la poudre subventionnée entre les laiteries
privées. «Ce n’est pas normal que l’on ne me donne pas plus de 70 tonnes de poudre alors que certains opérateurs privés qui ont les mêmes capacités de production que moi prennent plus de 300
tonnes mensuellement. Pourtant, je procède au même titre qu’eux à la collecte de lait cru», a dit un opérateur privé, interrogé hier, en marge de la réunion qui a regroupé le ministre avec le
CIL. Enfin, Rachid Benaïssa, et sans citer de noms ou de parties, a lancé devant l’assistance : «Nous avons besoin d’un climat professionnel et non de menaces… Car, méfiez-vous, ceux qui essayent
d’agiter la filière le font pour se sucrer !»
Source Le Soir d’Algérie Mehdi Mehenni
Le Pèlerin